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Mental Health Awareness Week : trouble d’anxiété généralisée, mon expérience.

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Salut, salut, camarades !

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour un post un peu spécial : même si vous n’en entendrez jamais parler si vous habitez en France, cette semaine est la « Mental Health Awareness Week » , ou « Semaine de sensibilisation à la santé mentale », pour les non-francophones.

La santé mentale, c’est quelque chose qui nous tient particulièrement à coeur. C’est aussi quelque chose qui, malheureusement, est souvent pris à la légère, voire complètement occulté par la société. On a donc pensé qu’il étai important de vous en parler. Bien sûr, il existe de nombreuses maladies mentales et nous n’avons ni les compétences nécessaires, ni le temps de toutes les évoquer. Nous avons donc choisi de vous parler d’une maladie qui nous touche en ce moment-même, le trouble d’anxiété généralisé.

Il va s’en dire que nous nous appuyons sur nos propres ressentis, nos propres expériences et que, de ce fait, il est tout à fait possible qu’une personne atteinte de ce même trouble ait un avis différent sur la question. Notre but n’est pas d’écrire un article digne des plus grandes revues médicales, mais de vous sensibiliser – ne serait-ce qu’un tout petit peu – sur ce qui peut toucher n’importe qui, n’importe quand, sans que vous ne le sachiez réellement.


Nous connaissons tous des moments de stress : la veille et le jour d’un événement important, lorsque nous nous retrouvons plongés dans une situation totalement nouvelle, ou lorsqu’il faut que nous adressions la parole à des inconnus, pour peu que nous soyons de nature timide. D’ordinaire, ce moment de stress nous est bénéfique ; il est là pour nous aider à mobiliser toutes les ressources mentales nécessaires pour réussir la tâche qui nous est demandée, et ce, de la manière la plus efficace possible. Une fois cela fait, le stress redescend et notre organisme peut continuer à fonctionner normalement.

Néanmoins, il est important que vous sachiez que, parfois, certaines personnes n’arrivent pas, ou plus, à évacuer ce stress. Que ce stress augmente petit à petit en intensité et qu’il devient alors impossible à le gérer, à le contrôler. Et, comme il est devenu incontrôlable, il devient réellement handicapant, et ne s’appelle plus désormais stress mais anxiété.

Il est à noter qu’il existe différentes « formes » et degrés d’anxiété ; l’anxiété peut s’avérer légère, modérée ou sévère et peut concerner des domaines particuliers, comme, par exemple, le milieu scolaire, le milieu professionnel, la vie personnelle … etc.

Pour moi (Marley), cela a commencé par une anxiété en milieu scolaire ; de nature assez timide, j’ai eu l’immense chance de connaître le harcèlement scolaire en classe de seconde : pour une raison encore totalement obscure, toutes les filles de ma classe se sont ainsi liguées contre moi et m’ont fait vivre un véritable enfer : coups de coude, croche-pied dans les escaliers, insultes, moqueries en tout genre … il n’a pas fallu longtemps pour que mon peu de confiance en moi que j’avais réussi à me construire au collège disparaisse sans laisser de traces (N.B : il est toujours porté disparu à ce jour, si vous le croisez dans la rue, n’hésitez pas à m’envoyer un message) et que je me laisse convaincre par ce qu’elles disaient de moi : moche, bonne à rien, grosse et j’en passe … j’ai fini par me détester fortement. Par me haïr. La première dépression est arrivée, suivie de peu par l’anxiété.

Une anxiété liée à une phobie sociale et à une immense peur de l’échec.

Car, j’avais perdu confiance en moi et en les autres aussi. Encore aujourd’hui, je suis incapable de faire totalement confiance à autrui. J’ai du mal à comprendre comment on peut penser du bien de ma personne, comment on peut m’apprécier. J’ai du mal à prendre un compliment au sérieux, à me dire que mes amis sont vraiment mes amis, et pas des gens qui font semblant parce qu’ils ont pitié de ma personne et ne veulent pas me vexer. J’ai du mal à me dire que je vaux certainement quelque chose, autant humainement que scolairement, ce pourquoi chaque période d’examens me rend malade (au sens figuré comme au sens propre du terme : il m’est arrivé de faire de la fièvre durant ces périodes, et, à la fin, je finis quasiment tout le temps avec une bronchite). J’ai du mal à me dire que je vais réussir à faire quelque chose de ma vie et j’ai extrêmement peur que ce soit effectivement le cas. Je me pose constamment des questions sur mon rapport à autrui, sur mes futures actions, même les plus minimes, par peur que cela ne plaise pas à autrui. Je suis incapable de m’adresser directement ou indirectement (par message, mail, téléphone …) à un inconnu sans déclencher de crises d’angoisse et de paniquer pendant les heures voire les jours qui précèdent.

Et tout cela m’épuise, me rend malade : insomnie, maux tête et/ou de ventre à en être pliée en deux, crises d’angoisse auxquelles s’amuse à se mêler mon asthme, irritabilité, incapacité à se détendre, à laisser les mauvaises pensées de côté, juste histoire de profiter du moment présent, d’une sortie entre amis ou d’un bon film … Ce sont des symptômes que je rencontre quotidiennement et qui impacte grandement ma vie quotidienne, tout comme celle de mes proches et de mes amis, ce que je regrette amèrement : je sais combien cela est encore plus difficile pour eux que pour moi. Difficile à supporter, mais aussi à comprendre.

Car, tout au long de ces six dernières années, j’ai parfois dû encaisser quelques réactions ou remarques blessantes : des yeux levés au ciel avec agacement, des « mais prends sur toi, voyons ! » dits d’un ton tout aussi agacé, des « mais faudrait vraiment que tu arrêtes avec ça », qui semblent sous-entendre que c’est moi qui ai choisi de faire des crises d’angoisse ou de ne pas être capable de m’adresser à des inconnus, des « mais mademoiselle, le stress, ça n’existe pas ! », de la part d’enseignants, ou encore des « arrête ton grand cinéma ! », qui m’ont brisé le coeur et fait culpabiliser de (trop) nombreuses fois.

Cependant, même si ces remarques font mal, je n’arrive pas réellement à en vouloir à leur auteur : il est toujours compliqué de savoir exactement ce que les gens peuvent vivre, aussi proches que l’on peut être d’eux. Simplement, je voudrais tout de même qu’ils ne jugent pas trop vite, ou qu’ils essaient de se mettre un peu à notre place, aussi difficile que cela peut être ; par exemple, si votre phobie sont les araignées ou les clowns, dites vous que, pour ceux qui souffrent d’anxiété sociale ou scolaire, ou toute autre forme d’anxiété, se sociabiliser ou entrer en classe peut être aussi dure et éprouvant que se retrouver devant des araignées ou des clowns. Cela pourrait peut-être vous aider à mieux comprendre.
Car, juger la personne trop rapidement, avoir un comportement hostile à son égard, lui adresser quelques remarques désagréables aussi minimes soient elles, peut avoir de graves conséquences : l’anxiété provoque un profond mal-être chez celui qui en souffre. Un mal-être qui peut mener à la dépression et au suicide. Les crises d’angoisse peuvent vous paraître anodines, mais en réalité, elles ne le sont pas tant que cela. Alors, si vous voyez/connaissez quelqu’un qui en fait, essayez de ne pas le repousser ou de jouer la carte de l’indifférence. Essayez de lui tendre la main et de vous montrer indulgents.

En ce qui me concerne, l’anxiété s’est généralisée. Elle m’accompagne partout, tout le temps, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Même les plus petites décisions – du genre glace à la vanille ou glace au chocolat ? Pull ou T-shirt ? – , peuvent être un véritable calvaire. Le simple fait de ne plus retrouver mes clés là où je pensais les avoir laissées, de ne plus trouver les chaussettes que j’avais prévu de mettre aujourd’hui ou de ne pas réussir à fermer la porte à clé ou à retenir l’un de mes cours me rend malade, déclenche une crise d’angoisse. Mon apparence physique, mon poids, mes goûts, mes pensées, mes activités scolaires et extrascolaires, mes relations avec ma famille et mes amies, prendre du temps pour moi, mes séances chez le psy … tout est maintenant sujet à l’anxiété. Mon esprit n’est jamais en paix.

Mon esprit n’est jamais en paix et a tendance à m’emporter vers le bas : plus je vieillis et plus mon anxiété – surtout l’anxiété sociale – me pèse. Elle me pèse tellement qu’il y a quelques mois de cela, j’ai de nouveau craqué. J’ai de nouveau eu l’impression de devenir complètement tarée et de l’être à jamais. Deuxième dépression. Qui continue aujourd’hui.

Cependant, même si tous les jours ne sont pas totalement brillants, si je passe parfois mes nuits à pleurer, si je resterai bien dans mon lit tout au long de la journée, si je n’ai parfois aucunement envie d’être au lendemain, si la guérison totale est encore très loin, je ne m’avoue pas vaincue. Passer la porte du centre de santé de mon université pour demander un rendez-vous avec une infirmière puis un psychologue n’a pas été facile. Cela m’a pris cinq ans. Mais cela m’a donné la force de me battre. La force et la volonté de me confronter au monde, avec parcimonie, certes (bénévolat à la ligue protectrice des animaux, prise certains de mes rendez-vous médicaux par moi-même, effectuer des achats seule …) , mais me confronter tout de même à ce qui me fait le plus peur : l’être humain.
Ce n’est pas facile tous les jours et, parfois, je n’y arrive pas – combien de fois ai-je tout bonnement séché les cours parce qu’être entourée d’une vingtaine d’individus me terrifiait ? , mais je m’accroche. Je m’accroche parce que, maintenant que j’ai osé en parler à certains de mes amis, à un personnel médical, je me sens plus forte. Moins seule. Mieux entourée. Et parce que j’ai réussi à trouver des activités qui me font du bien, sur lesquelles l’anxiété n’a pas de prise : la lecture, l’écriture, la musique et les coloriages anti-stress.

Alors, si vous aussi vous souffrez d’anxiété, ne la laissez pas s’installer. Je sais à quel point c’est dur d’en parler. À quel point c’est dur de demander de l’aide, parce qu’on a honte de soi-même ou parce que l’on croit pouvoir s’en sortir par soi-même. Mais accepter un traitement, une thérapie, m’a redonné du courage, m’a redonné espoir de m’en sortir un jour. M’a redonné le sourire.

Il y a deux jours, mon père m’a dit « on te retrouve enfin ». Preuve que la bataille n’est pas si vaine.

Je crois fortement en nous, les gars. On peut s’en sortir. Tous ensemble. En nous montrant solidaires et en ne lâchant rien. Nous sommes plus forts que l’anxiété, plus forts que ce stupide trouble. Ne lâchons rien.

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